Nous
pourrions dire que la majorité des unités
antiterroristes du monde ont été créées
à la suite de la terrible prise d'otages de Munich,
le 5 septembre 1972. Cette situation de crise eût
lieu peu avant l'ouverture des Jeux Olympiques, le village
olympique fit l'objet d'une attaque d'un commando palestinien,
surnommé Septembre Noir.
Les cibles visées étaient les athlètes
de la délégation israélienne. Le
commando entra dans leurs baraquements et tira sur quiconque
se trouvait sur son chemin. Après de difficiles
négociations, la police allemande laissa un Boeing
de la Lufthansa sur la piste à la demande des
terroristes. Ceux-ci voulaient se retrancher avec leurs
otages dans un pays arabe éloigné. La
police allemande, alors non préparée pour
ce type d'opérations, décida à
ce moment de délivrer les otages, en montant
une embuscade.
Des
tireurs d'élites peu expérimentés
se placèrent sur le tarmac afin de surprendre
les terroristes à leur arrivée. Cependant
les tireurs d'élites n'étaient pas au
courant des positions de leurs collègues, ils
ouvrirent le feu sur tout ce qui bougeait. Au final,
ce fut un massacre : tous les terroristes, ainsi que
les otages, furent tués dans la fusillade. De
plus des policiers furent toucher par des tirs amis.
Cette intervention fût un échec cuisant
et à partir de ce moment, les polices de tous
les pays remirent en cause leurs techniques anti-terroristes.
La
RAID en 1988
La
France, notamment dans les années 70, se posa
la question de la création d'une unité
qui pourrait répondre aux situations les plus
graves (prise d'otages, forcené ou arrestation
à haut risque). De nombreux hauts fonctionnaires
de police étaient défavorables à
la mise en place d'une unité d'élite d'une
centaine d'hommes, entraînés uniquement
à la gestion de missions difficiles, car le risque
de pertes en vies humaines serait important et les investissements
financiers également.
Les premières personnes à vivement soutenir
la mise sur pied du RAID furent M. Robert BROUSSARD,
Christian
LAMBERT et Ange
MANCINI, ainsi que M. Pierre JOXE. Le premier
était à l'époque chef de la fameuse
brigade anti-gang, le dernier, ministre de l'intérieur.
Cette alliance entre policier et politique fut une grande
réussite et malgré les opposants, le 23
octobre 1985, l'unité du RAID (Recherche,
Assistance, Intervention et Dissuasion) fut créée,
10 ans après la création des GIPN (Groupe
d'Interventin de la Police Nationale) qui n'avaient
que des compétences locales.
Le
commissaire divisionnaire Nguyen Van Loc, créateur
du GIPN de Marseille a aussi participé en apportant
ses connaissances ayant fait ses preuves pour toute
la partie structurale du groupe.
A
cette même date, le décret précisant
l'utilisation et la configuration de cette unité
fut rédigé. Le RAID est rattaché
à l'UCLAT
en 1988, au niveau de la direction générale
de la police nationale. L'UCLAT (unité de coordination
de la lutte anti-terroriste), créé le
8 octobre 1984, est chargée des relations entre
police française et polices étrangères
mais elle gère également les antennes
des polices étrangères installées
en France.
Le terrorisme ayant pris une dimension internationale,
il est donc primordial de posséder une police
capable d'échanger des informations avec ses
homologues étrangers. Un autre grand évènement
de la lutte anti-terroriste en Europe fut la création,
avec le traité de Maastricht, d'EUROPOL, en 1992.
La
RAID en 1998
La
création du RAID (et parallèlement du
GIGN de la gendarmerie) permet donc de combler un vide
en France en matière de groupe d'intervention
à compétence nationale. Au milieu des
années 80, les attentats étant en très
nette augmentation, l'arrivée du RAID permettait
alors d'avoir une force capable de s'opposer à
ces actions, sans mettre en danger la vie des enquêteurs,
qui autrefois intervenaient eux-mêmes. Le RAID
a été crée en même temps
que de nombreux groupes d'intervention français
ou européens comme le GSG-9, le SEK, le NOCS.
M.
Robert BROUSSARD cherchait maintenant un homologue qui
aurait assez d'expérience en la matière
pour diriger une unité telle que le RAID. Il
connaissait depuis longtemps un homme de terrain, M.
Christian LAMBERT, le chef de la BREC
(Brigade Régionale d'Enquête et de Coordination)
renommée depuis la BRI. Celui-ci fut aussi un
long moment dans le service des renseignements généraux.
Il fut nommé directeur du RAID.
N'oublions pas la participation indispensable de M.
Ange MANCINI qui fut aussi un des chefs de l'unité.
La très grande spécificité du RAID
permet d'éviter de risquer la vie de policiers
non préparés pour certaines situations
exceptionnelles et de leur conserver toutes leurs missions
traditionnelles.
Le
RAID est employé pour porter assistance à
l'UCLAT mais s'occupe aussi avec un grand professionnalisme
des missions de protection de hautes personnalités
bien qu'une unité le SDLP
(Service de la Protection) en soit déjà
chargée. L'unité peut également
apporter une aide technique à d'autres services
ou tout simplement donner des conseils pour une intervention.
Le
RAID en 2012 à travers ses spécialistes
Ainsi en 1999, elle a évalué la sécurité
de la préfecture de Dignes pour voir les défauts
de ce bâtiment.
Il
ne manquait dès lors plus qu'un lieu où
le RAID pourrait s'entraîner et stocker son très
volumineux matériel. Le lieu était déjà
occupé par une Compagnie Républicaine
de Sécurité, mais la cohabitation ne posât
pas de problème.
Ce
casernement se situe à Bièvres (91). Les
locaux du RAID sont situés dans les bâtiments
du Bel Air, anciens locaux de la délégation
des missions étrangères. Plusieurs nouveaux
bâtiments fûrent construits par la suite
et utilisés pour les entraînements.
L'effectif,
initialement de 80 personnes, passe à une centaine
en 1993, environ 130 au début des années
2000 pour atteindre 180 en 2015. Les femmes sont admises
dans certaines fonctions opérationnelles à
partir de 2003.
Le
RAID fut donc créé grâce au courage
de quelques hommes qui ont su affronter les préjugés
qui s'opposaient à la création d'une telle
unité. En 30 ans d'activité, le RAID a
effectué de nombreuses opérations avec
succès et a sauvé la vie de très
nombreux otages. Sans son existence, de nombreuses missions
auraient pu se solder comme celle de Munich, avec des
vies perdues par manque de budget ou de bonnes décisions.
Aujourd'hui
Le
RAID comprend une unité centrale et 10 antennes
créées par arrêté du DGPN
: directeur général de la police nationale
sur la proposition du chef du RAID.
Les missions sont
coordonnées et distribuées par un état-major
à Bièvres.
A
l'instar de l'unité centrale, les antennes disposent
d'une zone de compétence définie. Néanmoins,
sur ordre du chef du RAID, elles peuvent être
employées sur l'ensemble du territoire national
pour renforcer des dispositifs opérationnels.
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