Le
RAID a organisé du 08 au 19 octobre 2012
sur le camp militaire de Souge, à proximité
de Bordeaux, un regroupement de spécialistes
du tir de haute précision affectés
dans les unités d'intervention européennes
composantes de l’organisation ATLAS.
Cette
organisation a été créée
en 2001 suite aux attentats du 11 septembre. Elle
est financée par l'Union Européenne
et rassemble trente six unités de contre
terrorisme, issues des vingt-sept états membres
de l’Union Européenne, auxquels s’ajoutent
la Suisse et la Norvège.
Le
fonctionnement d'ATLAS s'articule autour de groupes
de travail, parmi lesquels un forum tireur de haute
précision.
Dans
le cadre de l'activité de ces groupes il
est prévu des échanges réguliers.
Le RAID était chargé cette année
de recevoir et d’organiser cet échange
dans la perspective de la préparation d’un
exercice majeur qui se déroulera en 2013.
Les
unités d’ATLAS auront à leur
charge la gestion de crises multiples, simultanées
touchant plusieurs pays de l’union européenne.
Vingt
six spécialistes de l’intervention
ont répondu présent pour ce regroupement,
ce qui montre l'intérêt des partenaires
étrangers à participer à ce
stage organisé en France par le RAID.
Cet
événement a été préparé
par les policiers du RAID qui ont bénéficié
de l’expertise technique du BAMT (Bureau de
l’armement et des matériels techniques)
afin d'offrir un programme de haute qualité
sur un site de l’armée, mis à
la disposition du RAID dans le cadre du partenariat
et des échanges que cette unité entretient
avec les militaires des forces spéciales.
Pour
le RAID, il ne s'agissait pas de limiter le travail
des stagiaires au maniement de l'arme – tous
les tireurs sont censés bien tirer – mais
aussi de les pousser dans leurs retranchements.
A
peine après avoir été accueillis
par Amaury de Hautecloque, les stagiaires sont cueillis
à froid. Par la pluie, d'abord, qui commence à
tomber en bruine puis en rideau. Ensuite, par le
premier exercice : les stagiaires vont devoir
tirer à 600m, distance à laquelle
la plupart d'entre eux ne se sont jamais aventurés.
Partout en Europe, le tir police consiste à
loger une balle dans une pièce de 2
euros, à 100m maximum. Mais l'ingéniosité
croissante des terroristes impose de rallonger les
distances de tir, d'explorer les structures tubulaires,
ce que le RAID a lancé il y a deux ans.
Sur
la première volée de balles, seuls
d'ailleurs les policiers français et leurs
confrères suédois, rompus aux déploiements
en Afghanistan avec leurs forces spéciales,
logent du plomb dans la cible. Déjà
l'occasion pour les tireurs de commencer à parler
technique. Puis les tirs s'enchainent, et petit
à petit, les résultats s'améliorent.
Une bonne partie des personnels dispose d'un fusil
Accuracy (en 308 ou 338) ou d'un TRG 42.
A
force de pousser les distances, les stagiaires iront
jusqu'à plus de 750m…
Le
lendemain, l'armurier du RAID prodigue ses connaissances
sur les perforations. Silence religieux sur le pas
de tir. Un gendarme du groupe d'intervention de
Genève fait la démonstration, avec
son Ultima Ratio : une balle peut faire détoner
une grenade – ou un piège explosif.
Des tests de perforation sont aussi effectués,
les jours suivants, sur des vitres blindées
récupérées sur le chantier
d'une banque.
Par-delà
la pure technique, les policiers européens
se confrontent aussi en matière de camouflage
et d'infiltration. Chacun garnit « sa
ghillie » à sa façon, et
procède selon sa méthode propre pour
rallier un point de tir à une centaine de
mètres d'un site de détention d'otages.
Le duo de tireurs doit s'approcher sans être
vu, dans une lande assez dense, et toucher deux
têtes en polystyrène avec un tir coordonné.
Le tout, ça va de soi, dans un délai
contraint de 40 minutes.
Les
cultures sont très différentes entre
les Suédois, qui se déploient régulièrement
en Afghanistan, les Britanniques, qui comportent
50% d'anciens tireurs militaires, et des Italiens
qui sont venus avec deux équipes, une de
la police et une des carabiniers. Mais ce melting-pot
de cultures et d'expériences fait la richesse
de ce genre de session, et c'est aussi l'occasion
de se tenir au courant des dernières innovations.
Pendant
une après-midi, le temps de faire passer
tous les binômes, la lande girondine résonne
de jurons sourds et de détonations parfois
assourdies par un silencieux. Mais les stagiaires
n'en ont pas fini. Le chef du groupe Oméga
leur a concocté une soirée tout en
fraicheur : trois groupes multinationaux doivent
effectuer une infiltration pédestre de plus
d'une demi-douzaine de kilomètres dans une
forêt parcourue de petits cours d'eau, pour
rallier un site de détention d'otages .
Deux équipes devront également, en
début de mission, "cloquer" (poser
des balises) des véhicules qui peuvent être
utilisés par le réseau de preneur
d'otages.
Des
personnels de la technique du RAID sont mobilisés
pour l'occasion, avec des équipiers du 13°
Régiment de Dragons parachutistes, des spécialistes
du renseignement militaire.
Bref,
un stage aux frontières du réel, qui
a fait découvrir à ces différentes
équipes toutes les facettes d'une spécialité
qu'elles ne pratiquent par forcément de cette
manière.
En
France, on l'a dit, les snipers du RAID ont élargi
leur horizon de tir, ces deux dernières années.
Ils ont notamment appris de la part des Forces Spéciales
françaises, à qui l'unité a
transmis des savoirs en matière d'opérations
en zone urbaine, ou de négociation. Un échange
bien compris qui a donc profité à
tous. »