Tueries
de mars 2012 à Toulouse et Montauban
Les
tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban
sont une série d'attentats qui se sont déroulés
en mars 2012, tuant sept personnes dont trois militaires
et quatre civils, dont trois enfants, à l'entrée
d'une école juive. Le parquet antiterroriste
de Paris s'est saisi des affaires et a ouvert trois
enquêtes « pour des faits qualifiés
d'assassinat et tentatives d'assassinat en lien
avec une entreprise terroriste », d'après
François Molins, le procureur de Paris.
La
méthode employée lors de chaque meurtre
est identique : casqué, en scooter, équipé
d'une caméra GoPro, le terroriste islamiste
franco-algérien Mohammed Merah exécute
ses victimes « à bout touchant »
avec un pistolet de type Colt 456 de calibre .45
ACP et un pistolet mitrailleur de type Mini-Uzi
de calibre 9 mm Parabellum. L'analyse balistique
a montré que l'une des armes du crime était
la même dans les trois fusillades. Retranché
dans son appartement, Mohammed Merah est tué
le 22 mars 2012 lors de l'assaut donné par
les policiers du RAID.
Assassinat
d'un militaire à Toulouse
Le
11 mars 2012, à 16 h 10, Mohammed Merah prononce
« tu tues mes frères, je te tue »
et abat le maréchal des logis-chef Imad Ibn-Ziaten,
un Français d'origine marocaine du 1er régiment
du train parachutiste, d'une seule balle dans la
tête sur un parking situé devant le
gymnase du Château de l'Hers dans le quartier
de Montaudran, au sud-est de Toulouse, avec une
arme de calibre .45 ACP. Le militaire a préalablement
été contacté par le tueur à
la suite d'une annonce pour la vente d'une moto;
il est abattu lors du rendez-vous fixé pour
la transaction. Des témoins aperçoivent
l'assassin qui s'enfuit en scooter.
Assassinat
de deux militaires à Montauban
Le
15 mars 2012, à 14 h 10, deux militaires,
Abel Chennouf, français catholique d'origine
algérienne, âgé de 26 ans et
Mohamed Legouad, français musulman, d'origine
algérienne âgé de 24 ans, sont
tués et un troisième, Loïc Liber,
âgé de 28 ans, est grièvement
blessé à la tête, alors qu'ils
retiraient de l'argent à un GAB situé
à proximité de la caserne où
ils étaient cantonnés à Montauban.
Leur assassin est arrivé en scooter, a fermement
écarté une personne âgée
et a tiré dans la tête et dans le dos
des victimes, prenant le temps d'achever l'une d'elles
à terre. Les enquêteurs retrouvent
sur place 13 étuis de calibre .45 ACP similaires
aux munitions utilisées lors du premier meurtre.
Le tireur a pris la fuite en scooter aux cris de
« Allah akbar ». Un chargeur roule sous
une camionnette garée à proximité.
Un des trois militaires est sous-officier au 17e
régiment du génie parachutiste, les
deux autres sont des engagés au sein du même
régiment.
Tuerie
à l'école juive Ozar Hatorah
Un
attentat au collège-lycée juif Ozar
Hatorah situé rue Jules-Dalou dans le quartier
de La Roseraie au nord-est de Toulouse a lieu le
19 mars 2012 vers 8 h.
Un
homme qui porte une caméra sanglée
sur la poitrine arrive devant l'école à
bord d'un scooter, un Yamaha TMAX. Il descend de
son véhicule et ouvre immédiatement
le feu en direction de la cour d'école. La
première victime est un rabbin et professeur
de l'école, Jonathan Sandler âgé
de 30 ans, abattu en dehors de l'école alors
qu'il essaie de protéger du tueur ses deux
jeunes fils, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans. Les
caméras de vidéosurveillance montrent
que le tueur assassine l'un des enfants alors qu'il
rampe à terre aux côtés des
corps de son père et de son frère.
Il entre ensuite dans la cour d'école et
poursuit Myriam Monsonégo, la fille du directeur
de l'école, Yaakov Monsonégo, âgée
de 8 ans, l'attrape par les cheveux et pointe son
pistolet qui s'enraie à ce moment d'après
les caméras de vidéosurveillance.
L'assassin change alors d'arme, passant de ce que
la police identifie comme un pistolet 9 mm Parabellum
à un de calibre .45 ACP et tire dans la tempe
de la fillette à bout portant. Il s'enfuit
ensuite en scooter. Durant l'attaque, le tueur blesse
grièvement Aaron "Bryan" Bijaoui,
âgé de 15 ans et demi.
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Identification
du tueur
Les
services de la police scientifique ont annoncé
que la même arme a été utilisée
au cours des trois épisodes de la vague d'assassinats.
Un
élément décisif est indiqué
aux enquêteurs le mardi 20 mars 2012 par un
concessionnaire Yamaha à Toulouse qui se
rappelle que quinze jours auparavant (le mardi 6
mars 2012), un client était venu dans sa
concession acheter une cagoule et lui demander –
en vain – comment désactiver la puce
de géolocalisation (« tracker »)
du scooter Yamaha TMAX. Il peut donner aux enquêteurs
les nom et prénom de ce client.
À
la suite de ce témoignage et de recoupements
relatifs à l'adresse IP de l'ordinateur portable
de sa mère et au scooter volé utilisé,
l'interpellation de Mohammed Merah, un franco-algérien
âgé de 23 ans, est confiée au
RAID qui retrouvera à son domicile deux passeports
l'un algérien l'autre français en
cours de validité.
Opération
du RAID
Le
domicile de Merah, situé dans le quartier
toulousain de Côte Pavée, est d'abord
approché par les forces de l'ordre. Le mercredi
21 mars 2012, vers 3 h 15, après que la porte
a résisté à l'emploi d'un bélier,
Mohammed Merah se réveille et tire à
travers la porte de son appartement sur les policiers
venus l'interpeller. Deux d'entre eux sont légèrement
blessés. Sa mère, habitant dans le
quartier du Mirail, amenée sur les lieux,
refuse toute discussion avec son fils, affirmant
qu'elle n'aurait pas de prise sur lui.
Après
plus de 30 heures de siège, le RAID, après
avoir lancé des grenades assourdissantes
pour créer des brèches et maintenir
Merah en état de stress, donne l'assaut le
22 mars 2012 à 10 h 30, entrant finalement
dans l'appartement transformé en «
zone de combat » par des barricades, en choisissant
de progresser très lentement. L'assaut proprement
dit n'a pas encore commencé. Vers 11 h 30,
Merah sort de la salle de bains (où il se
cachait, dans la baignoire), et monte littéralement
à l'assaut.
Au
cours de cet épisode, il lance aux forces
de l'ordre, à propos de morts possibles,
de part et d'autre : « Si c'est moi, tant
pis, j'irai au paradis, si c'est vous, tant pis
pour vous ».
Deux
policiers sont blessés. À 11 h 32,
Merah meurt d'une balle dans la tête, d'une
autre dans le ventre et de plusieurs autres balles,
tirées en légitime défense
par les policiers postés dans l'immeuble
en face, lorsqu'il franchit le balcon et s'apprête
à sauter de son rez-de-chaussée surélevé,
tout en continuant à tirer sur la police,
Merah avait déclaré vouloir mourir
« les armes à la main ». L'assaut
final aura duré en tout sept minute
Explication
du RAID
Les
explosifs : « Nous n'avons pas utilisé
d'explosifs lors de la première intervention,
parce que, selon les informations fournies par la
DCRI, nous avions affaire à un salafiste,
susceptible d'avoir des explosifs lui-même
et d'en avoir placé dans son appartement.
Il y avait donc un risque de surexplosion, comme
lors d'une intervention de la police espagnole (GEO)
contre des terroristes après les attentats
de Madrid - surexplosion qui avait tué des
policiers. Le choix a donc été d'utilisé
un vérin, et non un bélier. Il y avait
un frigo derrière la porte : c'était
un cas non conforme. Merah a aussitôt ouvert
le feu, en direction de la porte et de la rue. On
a été très impressionnés
par le rythme auquel il tirait avec ses 45. »
Le
renseignement : « On savait qu'il habitait
là, mais nous ne sommes pas intervenus violemment
tout de suite, parce qu'on ne savait pas s'il était
seul, s'il y avait des personnes avec lui, femme
ou enfants. »
Le
choix du terrain : « Si nous l'avions
interpellé en pleine rue, sachant qu'il
était armé, qu'il avait une
voiture remplie d'armes, le risque de dommage
collatéral était très important.
»
L'évacuation
de l'immeuble : « L'immeuble n'a
pas été évacué dans
un premier temps, parce qu'on était en phase
de négociation. Si on lui avait dit qu'on
calmait le jeu et qu'on évacue l'immeuble
en même temps, c'est un très
mauvais signal. Il pouvait se dire qu'on va
donner l'assaut. D'autant plus que ces
vieux immeubles des années 60 sont difficiles
à évacuer. Donc on a pris la décision
d'évacuer une fois qu'on a vu
que la négociation battait de l'aile.»
Les
gaz : « Nous n'utilisons pas de
gaz. Les seules personnes que je connais qui utilisent
des gaz ce sont les anesthésistes, et ils
tiennent la main à leur patient, le surveillent
tout le temps et l'accompagnent à leur
réveil car il y a toujours un risque. A chaque
fois qu'un commercial est venu nous vendre
un gaz "inoffensif", "non létal"
et que nous lui avons demandé de nous signer
un papier garantissant qu'il n'y avait
pas de risque mortel il a toujours refusé.
Si nous l'avions gazé et qu'en
ouvrant la porte ensuite nous l'avions trouvé
mort, s'il avait fait partie du pourcentage
de gens qui ne le supportent pas, quelles auraient
été les réactions ? On se souvient
de la polémique après les morts au
théâtre de Moscou. »
Les
armes non létales : « Contrairement
à ce que l'on lit sur lemonde.fr, il n'y
avait pas que des armes non létales lorsque
l'assaut a été lancé. Evidemment,
les premiers avaient des grenades de 40 en caoutchouc
incapacitantes, mais avaient également leurs
armes, tout comme ceux qui les couvraient immédiatement.
»
La
fusillade : « Les hommes ont du faire
très attention en tirant car à cause
de la conformation de la pièce, ceux qui
rentraient dans la pièce par la porte et
ceux qui se trouvaient sur le balcon, avec Merah
au milieu, étaient fatalement dans le même
axe de tir. »