Après
quatre ans de cavale, Yvan Colonna, a été
arrêté vendredi 4 Juillet 2003 vers 19
heures en Corse. L'assassin du préfet Claude
Erignac a été interpellé par
les policiers du RAID, dans une bergerie dans le sud
de l'île. Transféré à Paris,
puis présenté au juge, Yvan Colonna
a été mis en examen samedi soir.
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Double
mise en examen
Au lendemain de son arrestation dans le maquis corse,
Yvan Colonna a été mis en examen samedi
(7 juillet) à Paris. L’assassin présumé
du préfet Erignac, assassiné le 6 février
1998 à Ajaccio, avait été transféré
de l’île à la prison de la Santé
dans la nuit de vendredi à samedi. Il a été
présenté aux juges d’instruction
dans l’après-midi et mis en examen deux
fois. Le berger de Cargèse a d’abord
été présenté au juge Gilbert
Thiel qui l'a mis en examen pour sa participation
présumée à l'attaque contre la
gendarmerie de Pietrosella, le 6 septembre 1997, attentat
au cours duquel l'arme du crime du préfet avait
été volée, une mise en examen
pour "destruction de bien par substance explosive,
séquestration et enlèvement en bande
organisée, vol et violences sur agent de la
force publique, le tout en relation avec une entreprise
terroriste". Le juge antiterroriste Jean-Louis
Bruguière l’a ensuite mis en examen pour
"assassinat en relation avec une entreprise terroriste".
Condamnation
Le lundi 2 mai 2011 s'est ouvert le troisième
procès à la cour d'assises de Paris
d'Yvan Colonna. Le lundi 20 juin 2011, Yvan Colonna
est reconnu comme étant le tireur et est condamné
pour la troisième fois à la réclusion
criminelle à perpétuité, sans
période de sûreté, par la cour
d'assises spéciale de Paris. Pour la première
fois de l'histoire juridique française, une
cour d'assises a motivé son verdict, anticipant
de fait une évolution législative française
visant à se mettre en conformité avec
la jurisprudence européenne.
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Fin
de cavale
C'est la fin d'une cavale de plus de 4 ans: Yvan Colonna,
en fuite depuis mai 1999, a été arrêté
vendredi (4 juillet 2003) en Corse. Celui qui est
soupçonné d'être le tueur du préfet
de Corse Claude Erignac a été interpellé
dans le sud de l'île par des policiers du RAID.
Il était 19 heures, le berger de Cargèse
se trouvait dans une bergerie, au lieu-dit Margaritaghia,
à Porto-Polo, près de Propriano. Les
policiers multipliaient depuis deux mois les surveillances
sur les hauteurs de Porto Polo, dans le maquis corse.
Un renseignement les a d'abord mis sur la piste d'un
responsable de camping qu'ils ont suivi et qui les
a conduits à plusieurs bergeries. Il y a une
dizaine de jours, second renseignement: le fugitif
n'a plus rien à voir avec la photo de l'homme
mal rasé aux cheveux courts placardée
dans tous les commissariats et les préfectures:
il a désormais les cheveux longs. L'homme a
été repéré dimanche 29
juin au soir. Samedi matin, le patron du Raid a donné
des détails sur le déroulement de l'opération:
lire ci-dessous le récit d'Etienne Huver.
Selon
les informations de Jean-Alphonse Richard, les services
de police savaient que depuis quelques semaines, Yvan
Colonna montrait des signes de découragement,
de grande fatigue, qu'il se sentait de plus en plus
seul dans sa cavale.
Les
hommes du RAID et leur patron ont eu droit aux félicitations
de leur ministre: Nicolas Sarkozy a estimé
lors d'une conférence de presse au ministère
que cette arrestation était "le fruit
d'un travail, opiniâtre, méticuleux,
patient commencé il y a un an", "cette
arrestation ne doit rien à la chance et tout
au travail policier", a affirmé le ministre.
C'est lui qui a appelé vendredi soir la veuve
du préfet Erignac, pour lui annoncé
la nouvelle: "Ma réaction a d'abord été
une grande surprise" a commenté Dominique
Erignac, "je ne m'y attendais plus", "on
est soulagé".
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Le
récit de l'arrestation
Nicolas Sarkozy l'avait dit et répété:
l'une de ses priorités, c'était bien
d'arrêter Yvan Colonna. Depuis son arrivée
place Beauvau, le ministre de l'Intérieur tenait
régulièrement des réunions en
collaboration avec tous les services de police concernés
pour faire des synthèses, effectuer une véritable
coordination et vérifier toute indication,
toute information recueillies. Les enquêteurs
ont conduit des recherches aux quatre coins du monde
pour retrouver le berger de Cargèse: Venezuela,
Brésil, Maroc, Antilles, Madagascar entre autre.
En France, il y a eu la Lozère et la région
parisienne, particulièrement le Val-de-Marne
d'où en septembre 2000 une lettre d'Yvan Colonna
était parvenue au journal corse U Ribombu.
Mais
depuis quelques mois les pontes de la police nationale
étaient de plus en plus persuadés que
Colonna se cachait dans le maquis Corse. C'est dans
cette direction que l'enquête a été
recentrée. Près de 220 bergeries de
l'île ont été mises sous surveillance,
un travail de filature payant. Les policiers ont réussi
à tirer un petit fil assure Claude Guéant
le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy: "Ce
petit fil, c'était l'observation de comportements
d'individus qui semblaient pouvoir constituer un système
de liaison, de passage de messages avec le cercle
rapproché. Les membres supposés de ce
dispositif ont été mis sous surveillance".
Ils ont conduit à différentes bergeries.
Le 29 juin au soir, un homme est aperçu dans
l'une d'elle, sa physionomie laisse penser qu'il peut
s'agir d'Yvan Colonna. Selon nos informations, c'est
notamment la surveillance d'un directeur de camping
qui a permis aux hommes du raid de remonter aux bergeries
où se trouvait Yvan Colonna.
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Le
RAID, et c'est important, s'est remis à travailler
en Corse dès la nomination de son directeur
Christian Lambert en septembre 2002. Aussitôt,
un groupe corse d'une douzaine de fonctionnaires divisés
en petites équipes est créé au
sein du service. C'est eux qui sont chargés
sur le terrain de vérifier toutes les informations
recueillies par les différentes unités.
C'est eux aussi qui discrètement cachés
dans le maquis, des taillis haut d'1,5 à 1,80
mètre par endroit, surveillent cet homme qui
se terre dans la bergerie. L'opération est
périlleuse : ils savent qu'à n'importe
quel moment, il peut quitter sa cachette. Il y a trois
jours, pour la première fois, on l'aperçoit
à 30 mètres et vendredi matin l'étau
s'est un peu plus resserré. Christian Lambert,
le directeur du RAID : "A 07h20, on a vu un individu
qui ressemblait à Yvan Colonna sortir de cette
bergerie. Il correspondait au signalement d'Yvan Colonna
avec quelques transformations. (…) A 07h30,
il rentre dans la bergerie et ne ressort plus. A 12h50,
il ressort avec un sac à dos et très
rapidement il part dans le maquis". Au total
une trentaine d'homme du RAID opèrent autour
de la bergerie. Aussitôt, consigne leur est
donnée de scruter tous les chemins de randonnée
et d'arrêter l'homme dès qu'il est aperçu.
Yvan Colonna a été interpellé
à son retour, repéré par deux
fonctionnaires qui l'ont vu revenir. Il a "tenté
de fuir et a vite été maîtrisé".
"Yvan Colonna?" lui ont demandé les
policiers. Réponse: "Oui, c'est moi !"
Yvan
Colonna semblait être prêt à changer
une nouvelle fois de cachette. Les enquêteurs
pensent qu'ils le faisaient environ tous les quinze
jours. A proximité de la porte d'entrée
de la bergerie, un autre sac était prêt,
sans doute celui de la fuite. A l'intérieur
les hommes du raid on retrouvé un chargeur
et une grenade défensive. Pour les pontes de
la police nationale, l'opération était
particulièrement périlleuse parce que
Colonna avait mis au point un dispositif pour le moins
artisanal mais plutôt sophistiqué: autour
de la maison, ils ont noté la présence
d'oies et de chiens qui pouvaient se mettre à
gesticuler, à aboyer en sentant la présence
humaine. Pour le fugitif, c'était alors plutôt
facile de disparaître dans les hauts taillis
et de se volatiliser.
Alors
l'assassin présumé du préfet
Erignac a-t-il passé l'intégralité
de ces quatre dernières années dans
le maquis corse ? C'est encore trop tôt pour
le dire. Les enquêteurs pensent en tout cas
qu'il a dû y rester la plupart du temps même
si certains éléments laissent penser
qu'il a aussi pu séjourner un moment à
Paris et dans sa région.