La
BRI-PP (dite brigade Antigang) du
« 36 quai des Orfèvres »,
qui est une brigade centrale de la direction
régionale de la police judiciaire de
la préfecture de police, dépendant
directement de la préfecture de police
de Paris comme tous les services de police
judiciaire de Paris et des départements
limitrophes de la petite couronne (Hauts-de-Seine,
Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). Elle met
son expertise au service de la lutte contre
le terrorisme et le grand banditisme et s’illustre
dans de nombreuses opérations délicates.
Histoire
Au
début des années 1960, les vols
à main armée augmentent considérablement
en région parisienne ; braquages de
banques et prises d’otages violentes
se multiplient. Devant les limites des méthodes
classiques d’enquête, un jeune
commissaire, François Le Mouël,
propose à sa hiérarchie une
nouvelle doctrine : la police d’initiative.
Au lieu de partir du crime pour remonter au
criminel, les policiers doivent faire l’inverse
Le 22 septembre 1964, avec l’accord
du directeur de la police judiciaire, Max
Fernet, la section de recherche et d’intervention
vient de naître. Sa mission : enquêter
en amont sur les braqueurs présumés
afin de les interpeller en flagrant délit
et non une fois les faits commis. Intégré
au départ à la brigade de voie
publique dont une partie donnera également
naissance à la brigade de répression
du banditisme (BRB), le service prend le nom
de brigade de recherche et d’intervention
(BRI) en 1966.
En 1972, au lendemain de la prise d’otages
d’athlètes israéliens
par des terroristes lors des Jeux Olympiques
de Munich, les autorités françaises
constatent qu’il n’existe aucun
groupe d’intervention formé pour
ce type d’opérations urgentes.
La préfecture de Police crée
alors la brigade anti-commando, qui regroupe
autour de policiers de la BRI, des unités
d’autres services parisiens. Au fil
des affaires, la BRI, plus connue sous le
nom d’Antigang, s’est forgée
des compétences et un savoir-faire
qui vont inspirer la création du Raid
en 1985, sous l’égide de certains
de ses anciens membres.
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A
gauche : Brigade des Gaz en 1912 contre un
forcené - A droite : Le groupe d’intervention
et de sécurité en 1960
La
brigade de recherche et d’intervention
est le seul service qui allie missions de
police judiciaire (surveillance, identification,
filature et collecte de preuves) et missions
d’intervention en situation de crise.
Chargés de détecter les malfaiteurs
susceptibles de se livrer à des actes
de criminalité organisée, de
surveiller et d’interpeller des suspects
en flagrant délit, les enquêteurs
de la BRI sont toujours prêts à
s’engager face à des individus
extrêmement dangereux. La BRI assiste
également d’autres services de
police rencontrant des obstacles majeurs dans
leurs enquêtes en effectuant des surveillances
et des interpellations délicates au
domicile de malfaiteurs dangereux.
Elle vient en assistance à la brigade
criminelle, notamment lors d’enlèvements
avec demande de rançon et intervient
lors de crises aiguës nécessitant
la mise en oeuvre de techniques et de moyens
particuliers (prise d’otages, retranchement
de malfaiteurs ou de forcenés, mutineries
de détenus, etc.). Avant d’envisager
le recours à la force, le rôle
de la négociation est crucial. Les
membres de ses groupes opérationnels,
aguerris aux filatures, surveillances et interpellations,
sont répartis en cinq spécialités
: négociation, effraction, varappe,
tir de haute précision et intervention
en milieu nucléaire, radiologique,
bactériologique ou chimique.
A ces groupes opérationnels, s’ajoute
un groupe de recherche et de documentation,
chargé de collecter tous les renseignements
relatifs au crime organisé et à
ses membres, ainsi qu’un groupe de logistique
et de formation.
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En cas de crise, la force opérationnelle
de la BRI qui compte 48 membres peut monter
jusqu’à 110 policiers en formation
anti-commando sur le premier périmètre
de l’intervention avec l’appui
d’autres unités de la préfecture
de Police : brigade d’intervention (BI)
de la direction de l’ordre public et
de la circulation (DOPC), celllule d’assistance
technique de la direction de la police judiciaire
parisienne (CAT), équipe cynophile
de la direction de sécurité
de proximité de l’agglomération
parisienne (DSPAP), dépiégeurs
d’assaut du laboratoire de la préfecture
de Police (LCPP) et soutien médical.
(BSPP).
La BRI en formation anti-commando est en outre
renforcée par la compagnie de sécurisation
et d’intervention ou la brigade anti-criminalité
nuit pour constituer le deuxième périmètre
de l’intervention. Enfin, elle reçoit
le soutien de la direction opérationnelle
des services techniques et logistiques. Au
total, la BRI en formation anti-commando compte
280 membres. La BRI anti-commando PP est une
des trois composantes de la FIPN (Force d’intervention
de la Police Nationale) avec le RAID et ses
différents antennes régionales.
Affaires
Marquantes
26
décembre 1967 - sept malfaiteurs
qui s’apprêtaient à dérober
la recette des magasins du Louvre, sont interpellés
après de nombreuses surveillances et
filatures. à la suite de cette affaire
qui est entrée dans l’histoire,
la jurisprudence sur la « tentative
punissable » a été modifiée.
1973 - à Brest, deux
malfaiteurs prennent en otage un couple de
personnes âgées après
un hold-up manqué. L’un d’eux
se suicide, l’autre se rend après
négociation.
1974 - à La Haye,
des terroristes prennent en otage le personnel
de l’Ambassade de France pour obtenir
la libération de l’un des leurs.
Les otages sont libérés après
négociation.
Août 1977 - après
quatre mois de « planque », la
BRI libère le banquier parisien Bernard
Mallet, enlevé dans le bois de Boulogne
et enfermé dans la soute à charbon
d’un pavillon du Plessis-Robinson.
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23 janvier 1978 - le Baron
Edouard-Jean Empain est enlevé. Brigade
criminelle et BRI travaillent ensemble sur
le dossier.
8 mai 1978 - Jacques Mesrine,
l’« ennemi public numéro
un » condamné à vingt
ans de prison, s’évade de la
prison de la Santé. Après une
cavale épique, il est stoppé
par les balles de l’Antigang le 2 novembre
1979, porte de Clignancourt, à Paris
18e.
24 septembre 1981 - quatre
terroristes armés prennent en otage
51 personnes dans les locaux du consulat de
Turquie. à l’issue de 15 heures
de dialogue intense avec le chef du commando,
celui-ci accepte de se
rendre. Les otages révèlent
alors que toutes les issues du consulat étaient
truffées de charges explosives.
14 janvier 1986 - des individus
grimés et armés appartenant
au « gang des postiches » attaquent
le Crédit Lyonnais, rue du Docteur-Blanche
à Paris 16e. Alertés par la
centrale de surveillance, les policiers de
la BRI et de la BRB se rendent sur place.
Lors de la fuite des malfaiteurs, une fusillade
éclate entre policiers et malfaiteurs.
L’inspecteur de police de la BRI, Jean
Vrindts, est tué. Un malfaiteur est
abattu, un autre interpellé.
6 décembre 1994 -
cinq malfaiteurs du grand banditisme sont
interpellés par la BRI en flagrant
délit alors qu’ils viennent d’attaquer
des convoyeurs de fonds de la Brink’s
qui sortent d’un Crédit Lyonnais
situé dans un centre commercial de
Clichy-sous-Bois (93). Ils sont interpellés
alors qu’ils se préparent à
attaquer un second fourgon de la même
société à Noisy-le-Grand
(94).
23 juin 2000 - quatre hommes
cagoulés attaquent un fourgon de la
société Ardial. Les malfaiteurs
ouvrent le feu. Ils sont interpellés
par la BRI à Villemomble où
ils cachent leur butin, leurs armes et les
voitures. Ils tentent d’ouvrir le feu
à nouveau sur les policiers, un des
malfaiteurs est abattu et deux autres blessés
par la riposte de la BRI .
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2 mai 2003 - les enquêteurs
de la BRI, associés à la BRB,
déjouent le projet d’attaque
d’un fourgon blindé de transport
de fonds de la Brink’s à Champs-sur-Marne
(77). Nuit du 13 au 14 décembre 2004
- deux explosions visant le centre France
Télécom et EDF de Melun entraînent
une coupure d’électricité
et de téléphone, privant notamment
de communication le centre fort d’un
transporteur de fonds. Dès le lendemain,
quatre hommes suspectés par la BRI
sont interpellés à leur domicile.
L’opération permet de découvrir
armes de guerre, explosifs et plusieurs voitures
volées.
18 janvier 2012 - les frères
jumeaux Lascar, après avoir ouvert
le feu sur le domicile de leur troisième
frère, se refugient chez eux à
Pantin. La BRI obtient la reddition d’un
des frères et la libération
de la mère. Le dernier frère
engage le feu sur la colonne de la BRI avant
de se suicider.
25 novembre 2014 - deux braqueurs
s’attaquent à une bijouterie
Cartier aux abords des Champs-Elysées.
Après avoir pris la fuite, les suspects
se réfugient chez un coiffeur qu’ils
prennent en otage dans son magasin dans le
15e arrondissement de Paris. La BRI en formation
anti-commando obtient la reddition des malfaiteurs.
27 novembre 2014 - l’un
des derniers parrains du milieu corse, Jean-Luc
Germani, 49 ans, un des membres du grand banditisme
le plus recherché de France, est interpellé
par la BRI entre Puteaux et Neuilly.
Du 7 au 9 janvier 2015 -
après l’attentat au sein de la
rédaction de Charlie Hebdo qui fera
12 morts dont deux policiers, et l’assassinat
d’une policière municipale à
Montrouge (92), la BRI intervient pour la
première fois en formation FIPN (Forces
d’intervention de la police nationale)
avec le RAI D. Après une prise d’otages
dans une supérette casher sur le cours
de Vincennes, elle neutralise le terroriste
Amedy Coulibaly qui, au début de son
attaque, à tué quatre personnes.
Les
Spécialistes
Investigation
: Dans le cadre de sa mission de police judiciaire,
la BRI a pour objectif d’interpeller
les criminels en flagrant délit après
un travail de renseignement, d’identification
et de recoupement, qu’elle obtient grâce
à la surveillance et à la filature.
Agissant le plus souvent dans le cadre d’affaires
d’initiative la BRI met également
à la disposition d’autres services
de la police judiciaire son aide et sa technicité
lors d’assistances judiciaires.
Cynophile
: Créée en 1950, l’unité
cynophile de la direction de la sécurité
de proximité de l’agglomération
parisienne intervient aux cotés de
la BRI constituée en formation anti-commando
avec deux chiens d’assaut et leurs conducteurs
qui ont pour mission de neutraliser les forcenés.
Négociation
: Cinq négociateurs et trois psychologues,
composent cette unité et sont formés
pour répondre aux situations de crise
(individu retranché, prise d’otages,
personne suicidaire, enlèvement avec
demande de rançon).
Appui
médical : Six médecins
urgentistes ou anesthésistes réanimateurs
de la brigade de sapeurs pompiers de Paris
sont intégrés à la BRI
dans sa formation anti-commando. Munis de
protections balistiques et formés à
évoluer au sein des colonnes d’assaut,
ils assurent les premiers soins d’urgence,
l’extraction des blessés, activent
la chaîne de secours et maintiennent
la liaison permanente avec les moyens médicaux
positionnés en zone sécurisée.
Ils assurent en outre la formation au secours
au combat niveau 1 des membres de l’unité.
NRBC
: La BRI dans sa formation anti-commando a
été formée à la
prise en compte du risque NRBC (port de tenues
filtrantes spécifiques), en cas d’utilisation
d’agents nucléaires, radiologiques,
biologiques, chimiques par des terroristes
ou des forcenés, tout en conservant
sa capacité d’intervention.
Elle apporte son expertise et le soutien opérationnel
du détachement interministèriel
d’intervention technique (DCIT) et vient
également en appui de la brigade de
sapeurs-pompiers de Paris.
Varappe
: Les douze varappeurs de la BRI ont pour
mission de renseigner, d’exfiltrer
ou de donner l’assaut. Les spécialistes
« cordes » sont déployés
en furtivité pour intervenir sur des
accès périlleux ou être
largués depuis un hélicoptère.
Ces policiers, rompus aux manoeuvres de cordes,
répétées lors de stages
d’aguerrissement avec les CRS de haute
montagne, sont tous brevetés TIH (techniques
d’intervention en hauteur), de niveau
1, 2 ou 3.
Techniciens
: Les policiers de la cellule d’assistance
technique (CAT) mettent en oeuvre des moyens
techniques de haute technologie (captation
d’images, géolocalisation, sonorisation)
afin de faciliter le travail des enquêteurs
de l’ensemble des services de la police
judiciaire. Ils intègrent la BRI dans
sa formation anti-commando, pour leur apporter
un appui opérationnel lors de leurs
interventions.
Snipers
: Les tireurs haute précision (THP)
de la BRI qui interviennent toujours en binôme
ont pour mission de sécuriser et de
protéger une scène d’intervention.
Situés en retrait des autres composantes
de la brigade, les policiers qui la composent
bénéficient d’une vue
d’ensemble du périmètre
leur permettant d’observer, de renseigner
et, en ultime recours, de neutraliser.
FIR
: La force d’intervention rapide (FIR)
a été créée en
janvier 2015 au sein de la BRI dans le cadre
de la lutte contre les risques d’agressions
terroristes, et en particulier l’hypothèse
d’un ou de plusieurs tireurs mobiles.
L’unité, dotée d’un
armement lourd, peut ainsi répondre
à une attaque dans un laps de temps
très court grâce à l’emploi
de motos.
Dépiégage
d'assaut : Les dépiégeurs
d’assaut du laboratoire central de la
préfecture de Police contribuent à
la détection et au traitement des pièges
explosifs entravant la progression d’un
groupe tactique. Experts, ils ont la capacité
de réaliser des ouvertures de portes
au moyen d’explosifs (effraction chaude).
Transmissions
: Les opérateurs de la direction opérationnelle
des services techniques et logistiques mettent
en oeuvre lorsqu’ils interviennent dans
le cadre de la formation anti-commando, des
moyens de communication de type radio, vidéo,
data, permettant d’alimenter le poste
de commandement opérationnel au sein
d’une bulle tactique.
Effraction
: La cellule «effraction», systématiquement
engagée lors des interventions de la
BRI, a pour mission de permettre à
la colonne d’assaut un accès
rapide dans un lieu clos et souvent hostile.
Entraînés et rompus à
tous types d’ouvertures, dotés
d’un savoir-faire et d’une expérience
qu’ils ont acquis depuis de nombreuses
années, les policiers du groupe effraction
assistent régulièrement les
groupes d’enquêtes dans leurs
interpellations domiciliaires.
Formation
en Brigade Anti-Commando avec à gauche
le BI (combinaison bleue) et a droite la BRI.
Le
Blindé de la BRI
Depuis
1995, la BRI dispose d’un véhicule
d’intervention blindé. Cet impressionnant
camion, objet désormais emblématique
de la brigade, est utilisé comme poste
de commandement, pour le transport de matériel
sensible (armement, protections balistiques,
matériels techniques…). Pourvu
d’un épais blindage, il peut
déposer un groupe d’intervention
équipé sur un point potentiellement
dangereux, grâce à son épais
blindage.
Aujourd'hui comme le RAID et ses antennes
régionales, la BRI a recu en plus un
PVP (Petit Véhicule Protégé)..
Recrutement
La
BRI-PP, de par sa double compétence
intervention et Police Judiciaire dispose
d'un processus de sélection plus complet,
alliant épreuves physiques et de discernement
(sur une semaine), complété
par un stage d'immersion de trois semaines
au sein des groupes opérationnels.